1- Une augmentation de la charge de sinistralité
En cumulé, entre la période 1989-2019 et 2020-2050, l’étude de la FFA prévoit un alourdissement de la charge de sinistralité. De 74,1 milliards d’euros pour la période 1989-2019, elle passerait à 143 milliards pour 2020-2050, soit une augmentation de 93% en euros constants.
Le changement climatique expliquerait plus d’un tiers de cette augmentation (35%). Mais c’est l’enrichissement global du pays qui en provoquerait l’essentiel (53%).
2- La sécheresse, risque le plus menaçant
En plus de cette augmentation globale du risque, l’analyse péril par péril menée par la FFA projette une évolution majeure de la répartition du risque CAT-NAT. En particulier, la charge moyenne annuelle du risque sécheresse devrait plus que tripler à l’horizon 2050, avec la projection d’un coût cumulé de 43 milliards d’euros pour la période 2020-2050, contre 13,8 milliards en 1989-2019.
Cette mutation ferait du risque sécheresse un risque équivalent au risque tempête.
L’examen des dynamiques socio-économiques permet à la FFA d’identifier des départements particulièrement exposés à cette mutation des risques. Ainsi en Haute-Garonne, dans le Tarn-et-Garonne et en Loire-Atlantique, les charges futures sur la période projetée sont multipliées par trois. Elles croissent également sensiblement en Indre-et-Loire (x2,8), dans le Gers (x2,7) et dans les Landes (×2,6).
Il est important de préciser qu’à ce jour, les modélisations ne convergent pas. La volatilité des modèles est grande. Pour mettre en évidence cette divergence, nous avons comparé les principaux modèles existants (dont les projections SeaBird) sur le péril inondation :
Risque climatique : comment modéliser la sinistralité à l’horizon 2050 ?
En gardant en tête cette hétérogénéité des modèles, nous avons réalisé, à partir de l’étude menée par la FFA, une synthèse des métriques ainsi que des problématiques spécifiques mises en lumière par l’étude sur chacun des périls analysés.
3- Quatre facteurs d’augmentation de la sinistralité, dont l’impact varie selon le péril
La FFA identifie 4 facteurs d’augmentation de la charge de sinistralité :
- La variabilité naturelle du climat : il s’agit de l’évolution climatique normale qui induit des changements dans les fréquences et coûts des sinistres (positives ou négatives).
- L’enrichissement des zones à risque: plus l’activité et la richesse des population est importante dans une zone à risque, plus les conséquences financières sont importantes. C’est donc un facteur d’augmentation du risque (lié par ailleurs à la croissance des territoires).
- La répartition des populations sur les territoires : les mouvements de populations vers des zones à risque ou à l’inverse hors de zones à risques induit une augmentation ou diminution du risque.
- Le changement climatique : il s’agit de l’évolution des coûts et fréquences de sinistres directement imputable au changement climatique.
Les montants auxquels le monde de l’assurance doit s’attendre d’ici à 2050 – il s’agit de montants cumulés sur 31 ans et non de montants annuels- ainsi que la responsabilité de chacun des facteurs d’augmentation est la suivante :
A retenir : une forte hétérogénéité de l’impact du changement climatique au sein des différents périls, avec 125% d’accroissement imputable au changement climatique pour la sécheresse contre seulement 11% pour l’inondation. Un impact homogène de l’enrichissement des zones à risques.
4- Des zones plus exposées au changement climatique
La FFA met en avant les départements dont la sinistralité est la plus susceptible d’augmenter à l’horizon 2050.
A retenir : des départements métropolitains, principalement dans les zones littorales et dans le Sud de la France, sont à mettre en surveillance accrue. Les DOM sont extrêmement exposées à l’évolution des risques, essentiellement en lien avec le risque tempête.
Quelles variables utiliser pour projeter ?
Après une étude de la corrélation historique des variables socio-économiques et climatiques avec les sinistres, la FFA s’appuie sur les variables suivantes pour projeter la charge de sinistralité future (en y ajoutant ensuite les taux d’enrichissement locaux).
A retenir : la FFA donne une base pour projeter la sinistralité des portefeuilles en donnant les variables d’intérêt qu’elle a retenues. L’évolution climatique et socio-économique (hors croissance) épargne globalement le péril tempête.
Quelles sont les limites et les perspectives de transformation de l’évaluation du risque ?
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Sécheresse :
L’évolution législative du risque sécheresse (dans le régime CAT-NAT et en construction) induit de profonds changements d’évaluation du risque.
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Inondation :
Il s’agit du risque le plus connu et le mieux géré à l’heure actuelle. En témoigne le recul du risque via la répartition des populations sur le territoire. La FFA s’attend à une poursuite de cette tendance.
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Submersion :
La prise en compte difficile des politiques de prévention du risque et l’incertitude sur les faibles périodes de retour limite l’évaluation du .
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Tempête :
Au global, la FFA estime dans son étude qu’aucune croissance de sinistralité n’est induite par le changement climatique. Néanmoins, un accroissement significatif de la fréquence moyenne des ouragans est attendu en Outre-Mer. Cela pourrait avoir un impact conséquent au niveau des entités locales.
Pour consulter l’étude de la FFA dans son intégralité : « IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR L’ASSURANCE À L’HORIZON 2050 » FFA (Fédération Française de l’assurance), Octobre 2021