L’analyse des chiffres mensuels de collecte brute en assurance vie met en lumière, ces derniers mois, une désaffection des épargnants envers les fonds en euros.
Le fonds euros en berne
Le chiffre d’affaires de l’assurance vie a significativement diminué au cours des neuf premiers mois de l’année, en comparaison avec celui de 2019 (-33% au global). Cette baisse du chiffre d’affaire est principalement due à la baisse des cotisations sur des fonds euros (-35%). Les cotisations sur des supports en unités de compte ont dans le même temps progressé de 5% (soit 1397 M€).
Les UC captent un tiers des cotisations
La proportion des cotisations sur les supports en unités de compte se maintient, à 33% des cotisations totales, après une ascension fulgurante de plus de 15 % au cours du dernier trimestre 2019. Cette hausse de la collecte sur les supports en unités de compte est traditionnellement très corrélée à l’évolution de l’indice CAC40, motivant ainsi les consommateurs à placer leur épargne sur ce type de supports. Compte tenu de la volatilité de l’indice boursier depuis le début de la pandémie de Covid, cette corrélation CAC40 / collecte brute UC semble “perturbée” à l’heure actuelle (relation de long terme à suivre dans les prochains mois).
Des prestations stables
Les prestations quant à elles restent globalement au même niveau que celles de l’année 2019 sur la période de janvier à septembre. En période de crise sanitaire, on aurait pu craindre des rachats massifs destinés à réorienter les placements des ménages vers des instruments liquides sous forme d’épargne de précaution. Ce phénomène ne s’est pas produit. Le montant cumulé des prestations servies sur les neuf premiers mois de l’année s’est élevé à 88 290 Mds €, contre 87 336 Mds € en 2019, soit une augmentation de 1 %.
La stabilité des prestations conjuguée au reflux important des cotisations versées sur les fonds en euros se traduisent par une collecte nette négative. Depuis mars 2020, la collecte nette mensuelle de l’assurance vie est négative. En cumulé sur les 9 premiers mois de l’année, la collecte nette globale affiche un solde de – 6 248 Mds €.
Contrairement à l’assurance vie, les livrets d’épargne ont bénéficié d’une nette augmentation de leur collecte. Depuis la crise de la COVID-19, les consommateurs privilégient les placements sur de l’épargne de précaution, plus liquide et donc plus sécurisante pour le nombre important de Français qui ont vu leurs revenus diminuer lors du premier confinement.
Les livrets enregistrent de fortes progressions de leur collecte au premier semestre 2020, en particulier les livrets A et les livrets ordinaires (livrets soumis à l’impôt). Les livrets ordinaires, contrairement aux LDDS et livrets A, ne sont pas plafonnés, ce qui permet des versements plus importants sur la durée. L’ensemble de l’épargne de précaution mentionnée ici est à mettre en relation avec le surplus d’épargne de 60 Mds d’EUR (y compris comptes courants) observé pendant le premier confinement en France au printemps 2020.